Publié le 2017/01/26
Depuis plusieurs décennies, la pollution est devenue un véritable enjeu de santé publique. Si on évoque régulièrement la pollution atmosphérique, on oublie très souvent la présence et l’impact des polluants dans notre alimentation quotidienne. Qu’ils soient synthétiques ou naturels, ces polluants alimentaires peuvent avoir des origines très différentes. En effet, ces contaminants peuvent s’intégrer à nos aliments à différents stades de la chaîne alimentaire, depuis leur production jusqu’à leur consommation. Si l’usage intensif des pesticides joue un rôle évident dans la contamination alimentaire, d’autres polluants peuvent s’ajouter à nos aliments lors de leur production, leur transformation, leur conditionnement et leur préparation. Notre alimentation moderne nous expose ainsi quotidiennement à de nombreux polluants alimentaires dont l’impact sur la santé pose problème. Ces contaminants alimentaires ont d’ailleurs été au cœur de plusieurs scandales alimentaires ces dernières années. Face à ces constats alarmants, de nombreuses études scientifiques s’intéressent à identifier et limiter l’impact de ces polluants. Faisons le point sur ces polluants alimentaires : qui sont-ils ? d’où viennent-ils ? quels sont les dangers pour la santé ? comment les éviter et les éliminer ?
Cela fait déjà plusieurs années que des chercheurs tirent la sonnette d’alarme face à la présence croissante de contaminants dans nos aliments. Ce sont d’ailleurs plus de 455 substances qui ont été identifiées dans nos aliments du quotidien. Ce résultat est issu de la vaste étude EAT2 réalisée entre 2006 et 2011 par l’ANSES, l’agence nationale française de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail1. Une première édition de cette étude menée entre 2000 et 2004 avait d’ores et déjà pointé la présence de nombreux polluants alimentaires. Cette seconde édition a porté sur plus de 20 000 produits alimentaires consommés par la population française dont des viandes, des poissons, des crustacés, des céréales, des pâtes, des pains ou encore des fruits et des légumes. Heureusement, les 455 substances identifiées ne présentent pas toutes un caractère dangereux pour la santé. Néanmoins, on compte près d’une douzaine de substances qui présenteraient un risque sanitaire. Parmi ces contaminants, on retrouve notamment le plomb, le cadmium, l’arsenic inorganique, l’aluminium, le méthylmercure, les dioxines, les furanes et PCB de type dioxines, le déoxynivalénol (DON), l’acrylamide, ou encore les sulfites. On considère ces polluants comme persistants, c’est-à-dire qu’ils s’accumulent dans les aliments tout au long de la chaîne alimentaire avant de se retrouver dans nos assiettes. A l’inverse, on distingue des polluants dits non persistants. Si ces derniers peuvent se dégrader plus facilement que les polluants persistants, on peut malgré tout les retrouver dans notre alimentation. On trouve par exemple le bisphénol A et les phtalates dans cette classe de polluants.
Avant de se retrouver dans nos assiettes, les aliments peuvent être contaminés à différentes étapes de leur production, de leur transformation, de leur conditionnement et de leur préparation. Au niveau de la production agricole, on pense facilement aux pesticides et aux engrais, comme le cadmium, les dioxines et PCB, le diméthoane, l’hexachlorobenzène (HCB). Leurs effets néfastes pour la santé sont indéniables. Si certains agriculteurs commencent à s’engager dans une agriculture plus responsable et plus respectueuse de l’environnement, ils représentent malheureusement une minorité des exploitants agricoles à l’échelle du monde. En espérant que ces engagements soient durables, il faudra également compter de nombreuses années pour lutter contre les dommages causés par l’usage intensif de polluants. Au-delà des pesticides, nos aliments peuvent également être affectés par la pollution de l’air, des sols ou encore des cours d’eau2. Bien que certains procédés de transformation permettent de détruire des polluants, ces techniques peuvent néanmoins introduire d’autres contaminants. En effet, ces derniers peuvent être liés à certains traitements des aliments, à des problèmes d’hygiène ou encore à l’ajout d’additifs. Plusieurs additifs ont d’ailleurs été remis en cause pour leur impact sur la santé, comme les sulfites, les nitrates et les nitrites. Au-delà de la production et de la transformation, l’emballage de nos aliments peut être à l’origine de la présence de certains contaminants, comme l’aluminium3,4.
Bien que les intoxications alimentaires à cause de ces polluants soient rares, l’exposition répétée et chronique à ces contaminants peut présenter un risque pour notre santé. C’est l’enseignement de plusieurs études scientifiques dont une étude réalisée en 2013 et parue dans la revue scientifique FASEB Journal5. Les auteurs de cette étude ont montré qu’une association de polluants pourrait aggraver certains troubles métaboliques. Ces derniers seraient notamment connus pour augmenter le risque de survenue de maladies cardiovasculaires ou d’un diabète de type 2. Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé un mélange de quatre polluants : le bisphénol A, le TCDD, le PCB 153 et un phtalate. Ce cocktail de contaminants a été administré à des souris avec un dosage similaire aux doses couramment évaluées dans nos aliments du quotidien. Ces polluants ont été intégrés dans une alimentation riche en gras, représentative de l’alimentation moderne. Les chercheurs ont constaté une aggravation de l’intolérance au glucose et une altération de la voie des œstrogènes chez les souris femelles. Ce constat est d’autant plus alarmant que l’intolérance au glucose est une des perturbations impliquées dans l’apparition du syndrome métabolique. Ce syndrome constitue un facteur de risque important pour le développement de maladies cardiovasculaires et la survenue d’un diabète de type 2. Si les résultats furent moins marqués chez les souris mâles, les chercheurs ont mis en évidence une modification dans le métabolisme du cholestérol. Ce constat rejoint une étude récente sur l’impact des polluants persistants, dont les PCB. Parue en novembre 2016 dans la revue Environnement International, cette étude associe des taux élevés en PCB et une altération des protéines HDL-cholestérol6. Ces dernières sont considérées comme le « bon cholestérol » en raison de leur fonction de transport du cholestérol vers le foie pour favoriser son élimination. C’est pourquoi les auteurs de cette étude s’inquiètent sur le risque des PCB pour la survenue de maladies cardiovasculaires. Face à toutes ces conclusions, les polluants alimentaires posent question sur leurs effets sur la santé à long terme, leur accumulation au sein de l’organisme mais également l’effet cocktail qui pourrait accentuer leur impact.
Si notre organisme a la capacité de se défendre contre des contaminants, certains agents toxiques peuvent s’avérer difficiles à éliminer par l’organisme. En s’accumulant, ces polluants peuvent entraîner des désordres métaboliques et engendrer des complications pour la santé. Pour se prémunir face à ces effets néfastes, il est important d’adopter des mesures préventives pour éviter les polluants alimentaires et protéger l’organisme.
Des astuces pour éviter certains polluants alimentaires
S’il est malheureusement difficile d’éviter les polluants dans l’air que nous respirons, il s’avère indispensable de limiter son exposition aux polluants présents dans les aliments. Pour cela, quelques conseils peuvent vous aider à faire le bon choix pour votre santé. Pour vos achats alimentaires, il est par exemple conseillé de privilégier des aliments non transformés, sans additifs alimentaires, issus de l’agriculture biologique et portant un label de qualité. Il convient également d’être vigilant aux emballages des produits alimentaires dont certains peuvent contenir de l’aluminium ou du bisphénol A. Au rayon des poissons, il peut être judicieux de préférer les petits poissons comme le hareng, la sardine, l’anchois ou le maquereau. Ces derniers sont connus pour contenir moins de métaux lourds que d’autres poissons. En cuisine, il est recommandé de bien nettoyer ses fruits et légumes, d’éviter les boîtes en plastique, d’éviter l’utilisation d’aluminium et de préférer des cuissons douces. Au restaurant, il est parfois difficile de connaître l’origine des produits mais une cuisine faite maison est souvent gage de qualité et de confiance.
Des solutions pour détoxifier l’organisme des polluants alimentaires
Malgré une sélection rigoureuse de ces aliments, il est impossible d’échapper totalement aux polluants alimentaires. Pour se défendre face à ces agents extérieurs, l’organisme dispose de différents systèmes de défense dont certains organes comme le foie et les reins. Ces organes vitaux participent à la détoxification de l’organisme, c’est-à-dire à l’élimination des toxines. Si leur action est indispensable, elle peut s’avérer insuffisante face à l’accumulation de certains polluants comme les métaux lourds. Heureusement, la communauté scientifique est parvenue à identifier certaines substances pouvant favoriser la détoxification de l’organisme. Ces substances peuvent agir selon différents mécanismes d’action. Elles peuvent par exemple agir en contribuant à améliorer le fonctionnement du foie et des reins, ou encore en capturant certaines toxines. Cela est par exemple le cas de l’EDTA, qui est une molécule connue pour être un puissant chélateur du plomb et des métaux lourds. En se liant à ces polluants, l’EDTA permet de les conduire vers les voies naturelles d’élimination7. De la même façon, l’acide malique agit comme un chélateur de l’aluminium8. Pour capitaliser sur l’action de ces chélateurs, ces derniers sont formulés sous forme de compléments alimentaires pour une détoxification efficace de l’organisme. De plus, d’autres composés ont montré des résultats bénéfiques pour favoriser l’élimination des toxines. Une combinaison d’acide humique et d’acide fluvique a par exemple permis de drainer l’organisme et de faciliter l’excrétion des déchets. En plus de ces actions, cette association bénéfique permettrait de stimuler le système immunitaire9,10. Véritable atout pour la protection de l’organisme, ce mélange d’acide humique et d’acide fluvique est proposé sous forme de supplément nutritionnel.
De plus en plus de chercheurs s’inquiètent des effets sur le long terme des polluants présents dans notre alimentation. Si ces polluants sont présents dans nos aliments à des doses infimes, l’exposition chronique à ces substances et leur accumulation dans notre organisme posent question. Pour se prémunir face à ces contaminants, des solutions simples existent en prévention ou en détoxification de l’organisme.
Sources
1. Note d’appui scientifique et technique de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à « l’Etude de l'alimentation totale française », décembre 2013. 2. Vimercati L, Baldassarre A, Gatti MF, Gagliardi T, Serinelli M, De Maria L, Caputi A, Dirodi AA, Galise I, Cuccaro F, Assennato G, « Non-occupational exposure to heavy metals of the residents of an industrial area and biomonitoring », Environ Monit Assess, 2016 Dec, 188(12) : 673. 3. Müller JP, Steinegger A, Schlatter C, « Contribution of aluminum from packaging materials and cooking utensils to the daily aluminum intake », Z Lebensm Unters Forsch, 1993 Oct, 197(4) : 332-41. 4. Ogimoto M, Suzuki K, Haneishi N, Kikuchi Y, Takanashi M, Tomioka N, Uematsu Y, Monma K, « Aluminium content of foods originating from aluminium-containing food additives », Food Addit Contam Part B Surveill, 2016 Sep, 9(3) : 185-90. 5. Naville D, Pinteur C, Vega N, Menade Y, Vigier M, Le Bourdais A, Labaronne E, Debard C, Luquain-Costaz C, Bégeot M, Vidal H, Le Magueresse-Battistoni B., « Low-dose food contaminants trigger sex-specific, hepatic metabolic changes in the progeny of obese mice », FASEB J, 2013 Jun. 6. Ljunggren SA, Helmfrid I, Norinder U, Fredriksson M, Wingren G, Karlsson H, Lindahl M, « Alterations in high-density lipoprotein proteome and function associated with persistent organic pollutants », Environ Int, 2016 Nov 16. 7. Born T, Kontoghiorghe CN, Spyrou A, Kolnagou A, Kontoghiorghe GJ, « EDTA chelation reappraisal following new clinical trials and regular use in millions of patients: review of preliminary findings and risk/benefit assessment », Toxicol Mech Methods, 2013 Jan, 23(1) : 11-7. 8. Domingo JL, Gomez M, Lobert JM, Corbel J, « Comparative effects of several chelating agents on the toxicity, distribution and excretion of aluminium », Hum Toxicol, 1988 May, 7(3) : 259-62. 9. de Melo BA, Motta FL, Santana MH, « Humic acids: Structural properties and multiple functionalities for novel technological developments », Mater Sci Eng C Mater Biol Appl, 2016 May, 62 : 967-74. 10. van Rensburg CE, « The Antiinflammatory Properties of Humic Substances: A Mini Review », Phytother Res, 2015 Jun, 29(6) : 791-5.
Source : Nutranews: http://www.nutranews.org/sujet.pl?id=1361&fromid=1701NN6&utm_source=Emailing_Janvier-2017_FR&utm_medium=email&utm_campaign=Nutranews6_Janvier-2017_FR